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XXXV Journée sacerdotale d’étude

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vatican
 · 27 Oct 2019

XXXV Journée sacerdotale d’étude


Zinnias, le 11 mars 2013

« Nouvelle évangélisation: pistes et approches dans notre contexte »


Benoît XVI: Liturgie comme prière et adoration

Rencontre avec les prêtres du diocèse de Rome
Jeudi 22 février 2007

Extrait
Dans la Liturgie, le Seigneur nous enseigne à prier, d'abord en nous donnant sa Parole, puis en nous introduisant dans la Prière eucharistique à la communion avec son mystère de vie, de Croix et de Résurrection. Saint Paul a dit une fois que "nous ne savons que demander pour prier comme il faut" (Rm 8, 26): nous ne savons pas comment prier, ni que dire à Dieu. C'est pourquoi Dieu nous a donné les paroles de la prière, que ce soit dans le Psautier, dans les grandes prières de la sainte Liturgie, ou dans la Liturgie eucharistique elle-même. Ici, il nous enseigne à prier. Nous entrons dans la prière qui s'est formée au cours des siècles sous l'inspiration de l'Esprit Saint et nous nous unissons au dialogue du Christ avec le Père. Ainsi la Liturgie est surtout prière: d'abord écoute, puis réponse, que ce soit dans le Psaume responsorial, dans la prière de l'Eglise ou dans la grande prière eucharistique. Nous la célébrons correctement si nous la célébrons dans une attitude d'"oraison", en nous unissant au mystère du Christ et à son dialogue de Fils avec le Père. Si nous célébrons l'Eucharistie de cette manière, d'abord comme écoute, puis comme réponse, et donc comme prière avec les paroles indiquées par l'Esprit Saint, nous la célébrons bien. Et les personnes sont attirées à travers notre prière commune dans le sein des enfants de Dieu.

Congrès organisé par la Fondation « Romano Guardini » de Berlin
Vendredi 29 octobre 2010

Extrait
En accompagnant les jeunes, Guardini chercha aussi un nouvel accès à la liturgie. La redécouverte de la liturgie était pour lui une redécouverte de l’unité entre l'esprit et le corps dans la totalité de l'unique être humain, car l'acte liturgique est toujours dans le même temps un acte corporel et spirituel. La prière se dilate à travers l'action corporelle et communautaire, et ainsi se révèle l'unité de toute la réalité. La liturgie est une action symbolique. Le symbole comme quintessence de l’unité entre le spirituel et le matériel se perd lorsque les deux se séparent, lorsque le monde est divisé de manière dualiste en esprit et en corps, en sujet et objet. Romano Guardini était profondément convaincu que l'homme est esprit dans un corps et corps dans un esprit et que, par conséquent, la liturgie et le symbole le conduisent à l'essence de lui-même, et le conduisent, en définitive, à travers l'adoration, à la vérité.

Benoît XVI: Liturgie cosmique, Liturgie céleste


Visite à l’abbaye de Heiligenkreuz
Dimanche 9 septembre 2007

Extrait
Votre service prioritaire pour ce monde doit donc être votre prière et la célébration de l'Office divin. La disposition intérieure de chaque prêtre, de chaque personne consacrée doit être de "ne rien placer avant l'Office divin". La beauté d'une telle disposition intérieure s'exprimera à travers la beauté de la liturgie au point que là où, ensemble, nous chantons, nous louons, nous exaltons et nous adorons Dieu, un fragment du ciel devient présent sur terre. Il n'est vraiment pas téméraire de voir, dans une liturgie entièrement centrée sur Dieu, dans les rites et dans les chants, une image de l'éternité. Autrement, comment nos ancêtres auraient-ils pu, il y a des centaines d'années, construire un édifice sacré aussi solennel que celui-ci? L'architecture elle-même attire ici déjà vers le haut nos sens en direction de "ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment" (Cf. 1 Co 2, 9).

Dans toute forme d'engagement au service de la liturgie, un critère déterminant doit être le regard toujours tourné vers Dieu. Nous sommes devant Dieu - Il nous parle, et nous Lui parlons. Lorsque, dans les réflexions sur la liturgie, on se demande seulement comment la rendre attirante, intéressante et belle, la partie est déjà perdue. Ou bien elle est opus Dei avec Dieu comme sujet spécifique ou elle n'est pas. Dans ce contexte, je vous demande: célébrez la sainte liturgie en ayant le regard tourné vers Dieu dans la communion des Saints, de l'Eglise vivante de tous les lieux et de tous les temps afin qu'elle devienne l'expression de la beauté et de la sublimité de ce Dieu ami des hommes!


Benoît XVI: Mystère Pascal – Liturgie - Eucharistie


Aux évêques du Brésil lors de leur visite « ad limina Apostolorum »
Jeudi 15 avril 2010

Extrait
"C'est bien vrai! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon!" (Lc 24, 34). Lors de cette apparition, les paroles - si elles ont été prononcées - se sont évanouies dans la surprise de voir le Maître ressuscité, dont la présence dit tout: j'étais mort, mais à présent, je suis vivant et vous vivrez à travers moi (cf. Ap 1, 18). Et, étant mort et ressuscité, le Christ peut devenir "pain vivant" (Jn 6, 51) pour l'humanité. C'est pour cela que je sens que le centre et la source permanente du ministère pétrinien résident dans l'Eucharistie, cœur de la vie chrétienne, source et sommet de la mission évangélisatrice de l'Eglise. Vous pouvez ainsi comprendre la préoccupation du Successeur de Pierre pour tout ce qui peut obscurcir le point le plus original de la foi catholique: aujourd'hui, Jésus Christ continue d'être vivant et réellement présent dans l'hostie et dans la coupe consacrées.

La faible attention qui est parfois prêtée au culte du Très Saint Sacrement est l'indice et la cause de l'obscurcissement de la signification chrétienne du mystère, comme cela est le cas lorsqu'au cours de la Messe, ce n'est plus Jésus qui apparaît prédominant et agissant, mais une communauté occupée à de nombreuses choses, au lieu d'être recueillie et de se laisser attirer vers l'Unique nécessaire: son Seigneur. Or, l'attitude principale et fondamentale du fidèle chrétien qui participe à la célébration liturgique n'est pas faire, mais écouter, s'ouvrir, recevoir... Il est évident que, dans ce cas, recevoir ne signifie pas demeurer passifs ou désintéressés par ce qui se passe, mais coopérer - car l'on est de nouveau capables de le faire par la grâce de Dieu - selon la "nature authentique de la véritable Eglise. Car il appartient en propre à celle-ci d'être à la fois humaine et divine; visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l'action et occupée à la contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu'en elle, ce qui est humain est ordonné et soumis au divin; ce qui est visible à l'invisible; ce qui relève de l'action, à la contemplation; et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons" (Sacrosanctum Concilium, n. 2). Si, dans la liturgie, ne ressortait pas la figure du Christ, qui est son principe et qui est réellement présent pour la rendre concrète, nous n'aurions plus la liturgie chrétienne, entièrement dépendante du Seigneur et soutenue par sa présence créatrice.

Combien sont éloignés de tout cela ceux qui, au nom de l'inculturation, tombent dans le syncrétisme, en introduisant dans la célébration de la Messe des rites empruntés à d'autres religions ou des particularismes culturels (cf. Redemptionis Sacramentum, n. 79)! Le mystère eucharistique est un "don trop grand - écrivait mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II - pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions", en particulier lorsque "privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s'il n'allait pas au-delà du sens et de la valeur d'une rencontre conviviale et fraternelle" (Ecclesia de Eucharistia, n. 10). A la base des diverses motivations adoptées, il existe une mentalité incapable d'accepter la possibilité d'une réelle intervention divine dans ce monde au secours de l'homme. Celui-ci, toutefois, "se découvre incapable par lui-même de vaincre effectivement les assauts du mal; et ainsi, chacun se sent comme chargé de chaînes" (Constitution Gaudium et spes, n. 13). La confession d'une intervention rédemptrice de Dieu pour changer cette situation d'aliénation et de péché est considérée par ceux qui partagent la vision déiste comme intégraliste, et le même jugement est porté à propos d'un signe sacramentel qui rend présent le sacrifice rédempteur. A leurs yeux, il serait plus acceptable de célébrer un signe qui corresponde à un vague sentiment de communauté.

Toutefois, le culte ne peut naître de notre imagination; ce serait un cri dans l'obscurité ou une simple affirmation de soi. La véritable liturgie présuppose que Dieu réponde et nous montre comment nous pouvons l'adorer. "L'Eglise peut célébrer et adorer le mystère du Christ présent dans l'Eucharistie justement parce que le Christ lui-même s'est donné en premier à elle dans le sacrifice de la croix" (Sacramentum caritatis, n. 14). L'Eglise vit de cette présence et a comme raison d'être et d'exister celle de diffuser cette présence dans le monde entier.

Cathédrale du Très Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ - City of Westminster


Samedi 18 septembre 2010

Extrait
Qui visite cette cathédrale ne peut qu’être frappé par le grand crucifix dominant la nef. Il représente le Corps du Christ, brisé par la souffrance, accablé de chagrin, victime innocente dont la mort nous a réconciliés avec le Père et nous a permis de prendre part à la vie même de Dieu. Les bras tendus du Seigneur semblent embrasser l’église entière, élevant vers le Père tous les rangs des fidèles qui se rassemblent autour de l’autel du sacrifice eucharistique et en reçoivent les fruits. Le Crucifié se tient à la fois au-dessus de nous et face à nous comme la source de notre vie et de notre salut, « grand prêtre des biens à venir », comme l’appelle l’auteur de la Lettre aux Hébreux dans la première Lecture de ce jour (Hb 9, 11).

C’est à l’ombre, pour ainsi dire, de cette impressionnante représentation, que je voudrais revenir sur la Parole de Dieu, qui a été proclamée parmi nous et réfléchir sur le mystère du précieux Sang. Ce mystère nous amène à considérer l’unité existant entre le sacrifice du Christ sur la Croix, le sacrifice eucharistique qu’il a offert à son Église, et son sacerdoce éternel, par lequel, assis à la droite du Père, il intercède sans cesse pour nous qui sommes les membres de son Corps mystique.

Commençons par le sacrifice de la Croix. Le Sang du Christ répandu est la source de la vie de l’Église. Comme vous le savez, saint Jean voit dans l’eau et dans le sang qui jaillissent du Corps du Christ, la source de cette vie divine qui nous est donnée par l’Esprit Saint et qui nous est communiquée dans les sacrements (Jn 19, 34 ; Cf. 1 Jn1, 7 ; 5, 6-7). La Lettre aux Hébreux tire, pourrions-nous dire, les implications liturgiques de ce mystère. Par sa souffrance et par sa mort, par l’offrande de lui-même dans l’Esprit éternel, Jésus est devenu notre Grand Prêtre et « le médiateur d’une nouvelle alliance » (Hb 9,15). Ces mots sont l’écho des propres paroles du Seigneur à la Dernière Cène, quand il institua l’Eucharistie comme le sacrement de son Corps, livré pour nous, et de son Sang, le Sang de la nouvelle et éternelle alliance répandu pour une multitude en rémission des péchés (Cf. Mc 14, 24 ; Mt 26, 28 ; Lc 22, 20).

Fidèle au commandement du Christ : « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22, 19), l’Église, en tout temps et en tout lieu, célèbre l’Eucharistie jusqu’à ce que le Seigneur revienne dans la gloire, exultant en sa présence sacramentelle et puisant dans la puissance de son sacrifice salvifique pour la rédemption du monde. La réalité du sacrifice eucharistique a toujours été au cœur de la foi catholique ; remise en question au seizième siècle, elle a été réaffirmée au Concile de Trente dans le contexte de notre justification dans le Christ. Ici, en Angleterre, comme nous le savons bien, beaucoup ont défendu la Messe avec ferveur, souvent à grand prix, donnant lieu à cette dévotion pour la Très Sainte Eucharistie qui a été une caractéristique du Catholicisme sur ces terres.

Le sacrifice eucharistique du Corps et du Sang du Christ embrasse à son tour le mystère de la passion de Notre Seigneur qui se prolonge dans les membres de son Corps mystique, l’Église de tous les temps. Ici, le grand crucifix qui est au-dessus de nous, nous rappelle que le Christ, notre Grand Prêtre éternel, unit chaque jour nos propres sacrifices, nos propres souffrances, nos propres nécessités, nos espérances et nos aspirations, aux mérites infinis de son sacrifice. À travers lui, avec lui, et en lui, nous offrons nos propres corps en sacrifice saint et agréable à Dieu (Cf. Rm 12, 1). En ce sens, nous sommes pris dans son éternelle oblation et nous complétons dans notre chair, comme le dit saint Paul, ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps, qui est l’Église (cf. Col 1, 24). Dans la vie de l’Église, dans ses épreuves et dans ses vicissitudes, le Christ continue, selon l’expression radicale de Pascal, d’être en agonie jusqu’à la fin du monde (Pensées, 553, éd. Brunschvicg).

Cet aspect du mystère du précieux sang du Christ est rendu présent de façon très éloquente, par les martyrs de tout temps, qui ont bu à la coupe à laquelle le Christ lui-même a bu, et dont le sang, versé en union avec le sacrifice du Seigneur, apporte une vie nouvelle à l’Église. Il se reflète aussi dans nos frères et sœurs du monde entier qui, aujourd’hui encore, subissent discrimination et persécution à cause de leur foi chrétienne. De même, il est encore présent, souvent de façon cachée, dans la souffrance de tous ces Chrétiens qui unissent chaque jour leurs sacrifices à ceux du Seigneur pour la sanctification de l’Église et la Rédemption du monde. Ma pensée va tout spécialement vers tous ceux qui sont spirituellement unis à cette célébration eucharistique, et, en particulier, vers les malades, les personnes âgées, les personnes handicapées et tous ceux qui souffrent mentalement et spirituellement.

Benoît XVI: Liturgie et participation active


Aux évêques de la Conférence Épiscopale de la R.D. d’Allemagne en visite « ad limina Apostolorum »
Samedi 18 novembre 2006

Extrait
Dans le discours au premier groupe d'Evêques allemands, j'ai déjà évoqué brièvement les multiples services liturgiques de la part des laïcs qui sont aujourd'hui possibles dans l'Eglise: celui de ministre extraordinaire de l'Eucharisite, auquel s'ajoutent celui de lecteur et celui de guide de la liturgie de la Parole. Je ne voudrais pas revenir à nouveau sur ce thème. Il est important que ces devoirs ne soient pas accomplis en les revendiquant presque comme un droit, mais dans un esprit de service. La Liturgie nous appelle tous au service de Dieu, pour Dieu et pour les hommes; un service dans lequel nous ne voulons pas nous mettre nous-mêmes en avant, mais nous placer avec humilité face à Dieu et nous rendre perméables à sa lumière.

Messe avec les évêques australiens, les séminaristes et les novices
Samedi 19 juillet 2008
Extrait
Nous nous apprêtons à célébrer la consécration du nouvel autel de cette vénérable cathédrale. Comme nous le rappelle clairement le panneau frontal sculpté, tout autel est le symbole de Jésus Christ, présent au milieu de son église comme prêtre, autel et victime (cf. Préface de Pâques n°5). Crucifié, enseveli et ressuscité d’entre les morts, rendu à la vie dans l’Esprit et assis à la droite du père, le Christ est devenu notre Grand Prêtre, qui intercède éternellement pour nous. Dans la liturgie de l’Église, et surtout dans le sacrifice de la Messe consommé sur les autels du monde, il nous invite, en tant que membres de son Corps mystique, à partager sa libre oblation. Il nous appelle, peuple sacerdotal de la nouvelle et éternelle Alliance, à offrir en union avec lui, nos sacrifices quotidiens pour le salut du monde.

Dans la liturgie de ce jour, l’Église nous rappelle que, comme cet autel, nous avons nous aussi été consacrés, mis « à part » pour le service de Dieu et la construction de son règne. Trop souvent, cependant, nous nous retrouvons immergés dans un monde qui voudrait mettre Dieu « de côté ». Au nom de la liberté et de l’autonomie humaine, le nom de Dieu est mis sous silence, la religion est réduite à une dévotion personnelle et la foi est écartée de la place publique. Parfois, une mentalité de ce genre, totalement opposée à l’essence de l’Évangile, peut même en venir à obscurcir notre compréhension de l’Église et de sa mission. Nous aussi, nous pouvons être tentés de réduire la vie de foi à une simple question de sentiment, affaiblissant ainsi sa capacité d’inspirer une vision cohérente du monde et du dialogue rigoureux avec les nombreuses autres visions qui concourent pour gagner à elles les esprits et les cœurs de nos contemporains.

Et pourtant l’histoire, y compris celle de notre temps, nous démontre que la question de Dieu ne peut jamais être tue, ainsi que l’indifférence à la dimension religieuse de l’existence humaine, en dernière analyse, diminue et trahit l’homme lui-même. N’est-ce pas là le message délivré par l’architecture surprenante de cette cathédrale ? N’est pas là le mystère de la foi qui est annoncé à partir de cet autel lors de chaque célébration eucharistique ? La foi nous enseigne qu’en Jésus Christ, Parole incarnée, nous parvenons à comprendre la grandeur de notre propre humanité, le mystère de notre vie sur la terre et le destin sublime qui nous attend au Ciel (cf. Gaudium et spes, n.24). La foi nous enseigne, en outre, que nous sommes des créatures de Dieu, faites à son image et à sa ressemblance, dotées d’une dignité inviolable et appelées à la vie éternelle. Là où l’homme est diminué, c’est le monde qui nous entoure qui est diminué; il perd sa signification ultime et s’écarte de sa finalité. Ce qui en ressort, c’est une culture non pas de la vie, mais de la mort. Comment peut-on considérer cela un « progrès » ? Au contraire, c’est un pas en arrière, une forme de régression qui, en définitive, assèche les sources mêmes de la vie, de l’individu comme de la société tout entière.

Nous savons qu’à la fin – comme saint Ignace de Loyola l’a vu de façon si claire – l’unique vrai « standard » auquel toute réalité humaine peut être mesuré est la Croix et son message d’amour immérité qui triomphe du mal, du péché et de la mort et qui engendre une vie nouvelle et une joie éternelle. La Croix révèle que nous nous retrouvons nous-mêmes seulement en donnant notre vie, en accueillant l’amour de Dieu comme un don non mérité et en agissant pour mener tout homme et tout femme à la beauté de cet amour et à la lumière de la vérité qui, seule, apporte le salut au monde.

C’est dans cette vérité – le mystère de la foi – que nous avons été consacrés (cf. Jn 17, 17-19), et c’est dans cette vérité que nous sommes appelés à grandir, avec l’aide de la grâce de Dieu, dans la fidélité quotidienne à sa Parole, au sein de la communion vivifiante de l’Église. Et pourtant combien est difficile ce chemin de consécration ! Il exige une « conversion » continuelle, une mort à soi-même qui est la condition pour appartenir pleinement à Dieu, une transformation de l’esprit et du cœur qui apporte une vraie liberté et une nouvelle largeur de vue. La liturgie d’aujourd’hui nous offre un symbole éloquent de cette transformation spirituelle progressive à laquelle chacun de nous est appelé. De l’aspersion d’eau, de la proclamation de la Parole de Dieu, de l’invocation de tous les saints, à la prière de consécration, à l’onction et au nettoyage de l’autel, à sa parure de nappes blanches et de lumière – tous ces rites nous invitent à revivre notre propre consécration baptismale. Ils nous invitent à repousser le péché et ses fausses séductions, et à nous désaltérer toujours plus profondément à la source vivifiante de la grâce de Dieu.

Aux évêques de la Conférence Épiscopale d’Écosse en visite « ad limina Apostolorum »
Vendredi 5 février 2010
 
Extrait
Le témoignage de prêtres qui sont véritablement engagés dans la prière et heureux dans leur ministère apporte des fruits non seulement dans la vie spirituelle des fidèles, mais également parmi les nouvelles vocations. Toutefois, souvenez-vous que vos initiatives louables en vue de promouvoir les vocations doivent être accompagnées par une catéchèse permanente parmi les fidèles sur la véritable signification du sacerdoce. Soulignez le rôle indispensable du prêtre dans la vie de l'Eglise, par dessus tout en offrant l'Eucharistie à travers laquelle l'Eglise elle-même reçoit la vie. Encouragez ceux qui ont la charge de la formation des séminaristes à faire tout leur possible pour préparer une nouvelle génération de prêtres engagés et zélés, bien préparés sur le plan humain, académique et spirituel pour la tâche du ministère au XXIe siècle.

L'appréciation correcte du rôle du prêtre va de pair avec la compréhension correcte de la vocation spécifique des laïcs. Parfois, la tendance à confondre l'apostolat des laïcs et le ministère des laïcs a conduit à une conception repliée sur elle-même de leur rôle ecclésial. Pourtant, la vision du Concile Vatican II est que partout où les fidèles laïcs vivent leur vocation baptismale – dans leur famille, chez eux, sur leur lieu de travail –, ils participent activement à la mission de l'Eglise de sanctifier le monde. Une attention renouvelée à l'apostolat des laïcs contribuera à clarifier les rôles du clergé et des laïcs et à apporter ainsi un élan vigoureux au devoir de l'évangélisation de la société.

Benoît XVI: Liturgie – ars celebrandi


Rencontre avec les prêtres du diocèse d’Albano
Jeudi 31 août 2006

Extrait
R.P. Vittorio Petruzzi, Vicaire paroissial à Aprilia:
"Votre Sainteté, pour l'année pastorale qui va commencer, notre diocèse a été appelé par l'Evêque à prêter une attention particulière à la liturgie, tant au niveau théologique, que de la pratique célébrative. Les semaines d'études elles-mêmes, auxquelles nous participerons au mois de septembre prochain, auront pour thème central de réflexion "la préparation et la réalisation de l'annonce dans l'année liturgique, dans les sacrements et dans les sacramentaux". En tant que prêtres, nous sommes appelés à accomplir une liturgie "sérieuse, simple et belle", pour utiliser une belle formule présente dans le document Transmettre l'Evangile dans un monde qui change de l'épiscopat italien. Très Saint-Père, pouvez-vous nous aider à comprendre comment tout cela peut se traduire dans l'ars celebrandi?"

BENOIT XVI:
Ars celebrandi: ici aussi, je dirais qu'il existe diverses dimensions. La première dimension est que la celebratio est une prière et un dialogue avec Dieu: Dieu avec nous et nous avec Dieu. La première exigence pour une bonne célébration est donc que le prêtre entre réellement dans ce dialogue. En annonçant la Parole, il se sent lui-même en dialogue avec Dieu. Il écoute la Parole et annonce cette Parole, dans le sens où il devient un instrument du Seigneur et cherche à comprendre cette Parole de Dieu qui doit ensuite être transmise au Peuple. Il est en dialogue avec Dieu, car les textes de la Messe ne sont pas des textes de théâtre ou quelque chose de semblable, mais ce sont des prières grâce auxquelles, avec l'assemblée, je parle avec Dieu. Entrer dans ce dialogue est donc important. Saint Benoît, dans sa "Règle", dit aux moines, en parlant de la récitation des Psaumes: "Mens concordet voci". La vox, les paroles précèdent notre esprit. D'habitude, ce n'est pas comme cela: d'abord on doit penser, puis la pensée devient parole. Mais ici, la parole précède. La Sainte Liturgie nous donne les paroles; et nous, nous devons entrer dans ces paroles, trouver l'harmonie avec cette réalité qui nous précède.

A côté de cela, nous devons également apprendre à comprendre la structure de la Liturgie et la raison pour laquelle elle est organisée ainsi. La Liturgie s'est développée à travers deux millénaires et même après la Réforme, elle n'est pas devenue quelque chose d'établi uniquement par une poignée de liturgistes. Elle demeure toujours la continuation de cette croissance permanente de l'adoration et de l'annonce. Ainsi, il est très important, pour pouvoir être en pleine harmonie, de comprendre cette structure, qui s'est développée dans le temps et entrer ainsi avec notre mens dans la vox de l'Eglise. Dans la mesure où nous avons intériorisé cette structure, compris cette structure, assimilé les paroles de la Liturgie, nous pouvons entrer dans cette harmonie intérieure et ainsi, non seulement parler avec Dieu comme des personnes individuelles, mais entrer dans le "nous" de l'Eglise qui prie. Et de cette façon, transformer également notre "moi" en entrant dans le "nous" de l'Eglise, en enrichissant, en élargissant ce "moi", en priant avec l'Eglise, avec les paroles de l'Eglise, en étant réellement en dialogue avec Dieu.

Telle est la première condition: nous devons nous-mêmes intérioriser la structure, les paroles de la Liturgie, la Parole de Dieu. Ainsi, notre célébration devient réellement une célébration "avec" l'Eglise: notre coeur s'élargit et nous ne faisons pas simplement quelque chose, mais nous sommes "avec" l'Eglise et en dialogue avec Dieu. Il me semble que les personnes savent percevoir si nous sommes véritablement en dialogue avec Dieu, avec elles et, pour ainsi dire, si nous attirons les autres dans notre prière commune, si nous attirons les autres dans la communion avec les fils de Dieu; ou si, au contraire, nous faisons uniquement quelque chose d'extérieur. L'élément fondamental du véritable ars celebrandi est donc cet accord, cette harmonie entre ce que nous disons avec nos lèvres et ce que nous pensons avec le coeur. Le "Sursum corda", qui est une très ancienne parole de la Liturgie, devrait venir bien avant la Préface, bien avant la Liturgie, la "voie" de nos paroles et de notre pensée. Nous devons élever notre coeur au Seigneur, non seulement comme une réponse rituelle, mais comme une expression de ce qui a lieu dans ce coeur, qui s'élève vers le haut et qui attire vers le haut également les autres.

En d'autres termes, l'ars celebrandi n'entend pas inviter à une sorte de théâtre, ni de spectacle, mais à une intériorité qui se fait sentir et qui devient acceptable et évidente pour les personnes présentes dans l'assemblée. Ce n'est que si les personnes voient qu'il ne s'agit pas d'un ars extérieur, spectaculaire - nous ne sommes pas des acteurs! - mais qu'il s'agit de l'expression du chemin de notre coeur qui attire également leur coeur, que la Liturgie devient alors belle, qu'elle devient une communion de toutes les personnes présentes avec le Seigneur.

Naturellement, à cette condition fondamentale, exprimée dans les paroles de saint Benoît: "Mens concordet voci" - que le coeur monte, s'élève réellement vers le Seigneur - doivent également correspondre des éléments extérieurs. Nous devons apprendre à bien prononcer les paroles. Parfois, lorsque j'étais encore professeur dans mon pays, les jeunes lisaient les Ecritures Saintes. Mais ils les lisaient comme on lit le texte d'un poète que l'on n'a pas compris. Naturellement, pour apprendre à bien prononcer, il faut avant tout avoir compris le texte dans sa dimension dramatique, dans son présent. Il en est de même pour la Préface. Et la Prière eucharistique. Il est difficile pour les fidèles de suivre un texte aussi long que notre Prière eucharistique. C'est pourquoi naissent toujours ces nouvelles "inventions". Mais avec des Prières eucharistiques toujours nouvelles, on ne répond pas au problème. Le problème est de faire en sorte que ce soit un moment qui invite également les autres au silence avec Dieu et à prier avec Dieu. Donc, ce n'est que si la Prière eucharistique est correctement prononcée, avec les temps de silence également appropriés, si elle est prononcée avec intériorité, mais également avec l'art de parler, que les choses peuvent s'améliorer.

Par conséquent, la récitation de la Prière eucharistique exige un moment d'attention particulière, pour être prononcée de façon à toucher les autres. Je pense que nous devons également trouver des occasions, que ce soit dans la catéchèse, dans les homélies ou lors d'autres occasions, pour bien expliquer au peuple de Dieu cette Prière eucharistique afin qu'il puisse en suivre les grand moments: le récit et les paroles de l'institution, la prière pour les vivants et pour les défunts, l'action de grâce au Seigneur, l'épiclèse, pour faire réellement participer la communauté à cette prière.

Ensuite, les paroles doivent être bien prononcées. Et une préparation adéquate est nécessaire. Les servants d'autel doivent connaître leur tâche, les lecteurs doivent savoir réellement comment prononcer. Et le choeur, le chant, doivent être préparés; l'autel doit être correctement décoré. Tout cela fait partie - même s'il s'agit de nombreux aspects pratiques - de l'ars celebrandi. Mais, pour conclure, l'élément fondamental est cet art d'entrer en communion avec le Seigneur, que nous préparons à travers toute notre vie de prêtres.

Benoît XVI: Liturgie – Tradition - Progrès


À la Curie Romaine
Jeudi 22 décembre 2005

Extrait
Le dernier événement de cette année sur lequel je voudrais m'arrêter en cette occasion est la célébration de la conclusion du Concile Vatican II, il y a quarante ans. Ce souvenir suscite la question suivante: Quel a été le résultat du Concile? A-t-il été accueilli de la juste façon? Dans l'accueil du Concile, qu'est-ce qui a été positif, insuffisant ou erroné? Que reste-t-il encore à accomplir? Personne ne peut nier que, dans de vastes parties de l'Eglise, la réception du Concile s'est déroulée de manière plutôt difficile, même sans vouloir appliquer à ce qui s'est passé en ces années la description que le grand Docteur de l'Eglise, saint Basile, fait de la situation de l'Eglise après le Concile de Nicée: il la compare à une bataille navale dans l'obscurité de la tempête, disant entre autres: "Le cri rauque de ceux qui, en raison de la discorde, se dressent les uns contre les autres, les bavardages incompréhensibles, le bruit confus des clameurs ininterrompues a désormais rempli presque toute l'Eglise en faussant, par excès ou par défaut, la juste doctrine de la foi..." (De Spiritu Sancto, XXX, 77; PG 32, 213 A; SCh 17bis, p. 524).

Nous ne voulons pas précisément appliquer cette description dramatique à la situation de l'après-Concile, mais quelque chose de ce qui s'est produit s'y reflète toutefois. La question suivante apparaît: pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Eglise, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. L'une a causé de la confusion, l'autre, silencieusement mais de manière toujours plus visible, a porté et porte des fruits.

D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture"; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l'"herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche.

L'herméneutique de la discontinuité risque de finir par une rupture entre Eglise préconciliaire et Eglise post-conciliaire. Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l'esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l'unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n'est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes: seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c'est à partir d'eux et conformément à eux qu'il faudrait aller de l'avant. Précisément parce que les textes ne refléteraient que de manière imparfaite le véritable esprit du Concile et sa nouveauté, il serait nécessaire d'aller courageusement au-delà des textes, en laissant place à la nouveauté dans laquelle s'exprimerait l'intention la plus profonde, bien qu'encore indistincte, du Concile. En un mot: il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit.

De cette manière, évidemment, il est laissé une grande marge à la façon dont on peut alors définir cet esprit et on ouvre ainsi la porte à toutes les fantaisies. Mais on se méprend sur la nature d'un Concile en tant que tel. Il est alors considéré comme une sorte de Constituante, qui élimine une vieille constitution et en crée une nouvelle. Mais la Constitution a besoin d'un promoteur, puis d'une confirmation de la part du promoteur, c'est-à-dire du peuple auquel la constitution doit servir. Les Pères n'avaient pas un tel mandat et personne ne le leur avait jamais donné; personne, du reste, ne pouvait le donner, car la constitution essentielle de l'Eglise vient du Seigneur et nous a été donnée afin que nous puissions parvenir à la vie éternelle et, en partant de cette perspective, nous sommes en mesure d'illuminer également la vie dans le temps et le temps lui-même. Les Evêques, à travers le Sacrement qu'ils ont reçu, sont les dépositaires du don du Seigneur. Ce sont "les administrateurs des mystères de Dieu" (1 Co 4, 1); comme tels ils doivent se présenter comme "fidèles et sages" (cf. Lc 12, 41-48). Cela signifie qu'ils doivent administrer le don du Seigneur de manière juste, afin qu'il ne demeure pas dans un lieu caché, mais porte des fruits et que le Seigneur, à la fin, puisse dire à l'administrateur: "En peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai" (cf. Mt 25, 14-30; Lc 19, 11-27). Dans ces paraboles évangéliques s'exprime le dynamisme de la fidélité, qui est importante dans le service rendu au Seigneur, et dans celles-ci apparaît également de manière évidente comment, dans un Concile, le dynamisme et la fidélité doivent devenir une seule chose.

A l'herméneutique de la discontinuité s'oppose l'herméneutique de la réforme comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile "veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation" et il poursuit: "Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux, comme si nous nous préoccupions uniquement de l'antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d'une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée" (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865).

Il est clair que cet engagement en vue d'exprimer de façon nouvelle une vérité déterminée exige une nouvelle réflexion sur celle-ci et un nouveau rapport vital avec elle; il est également clair que la nouvelle parole ne peut mûrir que si elle naît d'une compréhension consciente de la vérité exprimée et que, d'autre part, la réflexion sur la foi exige également que l'on vive cette foi. Dans ce sens, le programme proposé par le Pape Jean XXIII était extrêmement exigeant, comme l'est précisément la synthèse de fidélité et de dynamisme. Mais partout, cette interprétation a représenté l'orientation qui a guidé la réception du Concile, une nouvelle vie s'est développée et des fruits nouveaux ont mûri. Quarante ans après le Concile, nous pouvons révéler que l'aspect positif est plus grand et plus vivant que ce qu'il pouvait apparaître dans l'agitation des années qui ont suivi 1968. Aujourd'hui, nous voyons que la bonne semence, même si elle se développe lentement, croît toutefois et que croît également notre profonde gratitude pour l'œuvre accomplie par le Concile.

(…) Il s'agit là de thèmes de grande portée - ce furent les thèmes de la seconde partie du Concile - sur lesquels il n'est pas possible de s'arrêter plus amplement dans ce contexte. Il est clair que dans tous ces secteurs, dont l'ensemble forme une unique question, pouvait ressortir une certaine forme de discontinuité et que, dans un certain sens, s'était effectivement manifestée une discontinuité dans laquelle, pourtant, une fois établies les diverses distinctions entre les situations historiques concrètes et leurs exigences, il apparaissait que la continuité des principes n'était pas abandonnée - un fait qui peut échapper facilement au premier abord.

C'est précisément dans cet ensemble de continuité et de discontinuité à divers niveaux que consiste la nature de la véritable réforme. Dans ce processus de nouveauté dans la continuité, nous devions apprendre à comprendre plus concrètement qu'auparavant que les décisions de l'Eglise en ce qui concerne les faits contingents - par exemple, certaines formes concrètes de libéralisme ou d'interprétation libérale de la Bible - devaient nécessairement être elles-mêmes contingentes, précisément parce qu'elles se référaient à une réalité déterminée et en soi changeante. Il fallait apprendre à reconnaître que, dans de telles décisions, seuls les principes expriment l'aspect durable, demeurant en arrière-plan et en motivant la décision de l'intérieur. En revanche les formes concrètes ne sont pas aussi permanentes, elles dépendent de la situation historique et peuvent donc être soumises à des changements. Ainsi, les décisions de fond peuvent demeurer valables, tandis que les formes de leur application dans des contextes nouveaux peuvent varier.

Exhortation Apostolique Post-Synodale Sacramentum Caritatis

Extrait
3. En regardant l'histoire bimillénaire de l'Église de Dieu, guidée par l'action sage de l'Esprit Saint, nous admirons, pleins de gratitude, le développement, ordonné dans le temps, des formes rituelles par lesquelles nous faisons mémoire de l'événement de notre salut. Depuis les multiples formes des premiers siècles, qui resplendissent encore dans les rites des antiques Églises d'Orient, jusqu'à la diffusion du rite romain; depuis les indications claires du Concile de Trente et du Missel de saint Pie V jusqu'au renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II: à chaque étape de l'histoire de l'Église, la célébration eucharistique, en tant que source et sommet de la vie et de la mission de l'Église, resplendit de toute sa richesse multiforme dans le rite liturgique. La XIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, qui s'est déroulée du 2 au 23 octobre 2005 au Vatican, a exprimé en regard de cette histoire un profond remerciement à Dieu, reconnaissant que l'Esprit Saint la guide activement. Les Pères synodaux ont en particulier constaté et rappelé l'influence bénéfique que la réforme liturgique réalisée à partir du Concile œcuménique Vatican II a eue pour la vie de l'Église. (5) Le Synode des Évêques a eu la possibilité d'évaluer la réception de cette réforme après les assises conciliaires. Les appréciations ont été nombreuses. Les difficultés et aussi certains abus qui ont été relevés ne peuvent pas masquer, a-t-il été affirmé, que le renouveau liturgique, qui contient encore des richesses qui n'ont pas été pleinement explorées, est bon et valable. Concrètement, il s'agit de lire les changements voulus par le Concile à l'intérieur de l'unité qui caractérise le développement historique du rite lui-même, sans introduire de ruptures artificielles. (6)

11. (…) Par son commandement « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19; 1 Co 11, 25), il nous demande de correspondre à son offrande et de la représenter sacramentellement. Par ces paroles, le Seigneur exprime donc, pour ainsi dire, le désir que son Église, née de son sacrifice, accueille ce don, développant, sous la conduite de l'Esprit Saint, la forme liturgique du Sacrement. En effet, le mémorial de son offrande parfaite ne consiste pas dans la simple répétition de la dernière Cène, mais précisément dans l'Eucharistie, c'est-à-dire dans la nouveauté radicale du culte chrétien.

Prédication de la Parole (Directoire pour le ministère et la vie des prêtres)


(Congrégation pour le Clergé)

45. Fidélité à la Parole
Le Christ a confié aux Apôtres et à l'Église la mission de prêcher la Bonne Nouvelle à tous les hommes.

Transmettre la foi c'est dévoiler, annoncer et approfondir la vocation chrétienne; c'est-à-dire l'appel que Dieu adresse à chaque homme en lui manifestant le mystère du salut, et en même temps la place qu'il lui revient d'occuper en relation avec ce mystère, comme fils d'adoption dans le Fils.(129) Ce double aspect est exprimé de manière synthétique dans le Symbole de la Foi, qui est l'une des expressions les plus autorisées de la foi par laquelle l'Église a toujours répondu à l'appel de Dieu.(130)

Deux exigences se présentent au ministère du prêtre, comme les deux côtés d'une monnaie. En premier lieu, vient le caractère missionnaire de la transmission de la foi. Le ministère de la parole ne peut être séparé ou éloigné de la vie des hommes; au contraire, il doit faire directement référence au sens de la vie de l'homme, de tout homme, et donc entrer dans les problèmes les plus aigus qui se posent à la conscience humaine.

D'autre part, il y a une exigence d'authenticité, de conformité avec la foi de l'Église, gardienne de la vérité sur Dieu et sur l'homme. Cette réalité doit être vécue avec un grand sens des responsabilités et la conscience qu'il s'agit d'une question de la plus haute importance, puisque sont en jeu la vie de l'homme et le sens de son existence.

Pour que le ministère de la parole soit fructueux, et en tenant compte de ce contexte, le prêtre donnera la primauté au témoignage de vie qui fait découvrir la puissance de l'amour de Dieu et rend persuasive sa parole. Il fera place, en outre, à la prédication explicite du mystère du Christ aux croyants, non-croyants et non-chrétiens; à la catéchèse, qui est l'exposition ordonnée et organique de la doctrine de l'Église; à l'application de la vérité révélée à la solution des cas concrets. (131)

La conscience de la nécessité absolue de «demeurer» fidèlement ancré à la Parole de Dieu et à la Tradition pour être vraiment des disciples et pour connaître la vérité (cf. Jn 8, 31-32) a toujours accompagné l'histoire de la spiritualité sacerdotale. Cette idée a été reprise avec autorité par le Concile Oecuménique Vatican II.(132)

Dans la société contemporaine marquée par le matérialisme théorique et pratique, par le subjectivisme et l'esprit de contradiction, il est d'autant plus nécessaire que l'Évangile soit présenté comme «la puissance de Dieu pour sauver ceux qui croient» (Rm 1, 16). Les prêtres, se souvenant que «la foi naît de la prédication, et la prédication, à son tour, se fonde sur la Parole du Christ» (Ibid. 10, 17), emploieront toutes leurs énergies pour correspondre à cette mission qui est primordiale dans leur ministère. Ils sont en effet non seulement des témoins mais aussi des messagers et des propagateurs de la foi.(133)

Ce ministère — vécu dans la communion hiérarchique — les habilite à annoncer avec autorité la foi catholique et à témoigner officiellement de la foi de l'Église. Le Peuple de Dieu en effet, «est rassemblé d'abord par la Parole du Dieu vivant qu'il convient d'attendre tout spécialement de la bouche des prêtres».(134)

Pour être authentique, la Parole doit être transmise «sans astuce et sans falsification, mais en manifestant la vérité face à Dieu» (2 Cor 4, 2). Le prêtre évitera avec une maturité responsable de contrefaire, réduire, déformer ou édulcorer le contenu du message divin. Sa tâche en effet, «n'est pas d'enseigner sa propre sagesse, mais la parole de Dieu, et d'inviter tous les hommes avec insistance à la conversion et à la sainteté» (135)

Par conséquent, la prédication ne peut se réduire à la communication d'idées personnelles, au témoignage de sa propre expérience, à des explications de caractère psychologique, (136) sociologique ou philanthropique. Elle ne peut pas non plus, céder excessivement à l'attrait de la rhétorique, si fréquente dans la communication de masse. Il s'agit d'annoncer une Parole dont on ne peut disposer à son gré, puisqu'elle a été confiée à l'Église pour qu'elle la garde, la médite et la transmette fidèlement (137)

46. Parole et vie
Pour le prêtre, la conscience de sa mission de prédicateur de l'Évangile devra toujours davantage se concrétiser pastoralement. il pourra ainsi vivifier à la lumière de la Parole de Dieu les situations et les milieux divers où il exerce son ministère.

Pour être efficace et crédible, il est important que le prêtre — dans la perspective de la foi et de son ministère — connaisse, avec un sens critique constructif, les idéologies, le langage, les débats culturels, les idées courantes diffusés par les moyens de communication et qui conditionnent en grande partie les mentalités.

Stimulé par l'Apôtre qui s'écrie: «Malheur à moi si je ne prêchais pas l'Évangile!» (1 Cor 9, 16), il saura utiliser tous les moyens de transmission que les sciences et la technique moderne lui offrent.

Certainement, tout ne dépend pas de ces moyens ou des capacités humaines: la grâce divine peut produire son effet indépendamment de l'œuvre des hommes. Mais dans le plan de Dieu, la prédication de la Parole est normalement la voie privilégiée pour la transmission de la foi et la mission évangélisatrice.

A cause de tant d'hommes qui, aujourd'hui, sont éloignés ou à l'écart de l'annonce du Christ, le prêtre vivra comme particulièrement urgente et actuelle cette interrogation angoissée: «Comment pourront-ils croire sans en avoir entendu parler? Et comment pourront-ils en entendre parler s'il n'y a personne qui prêche?» (Rm 10, 14).

Pour répondre à ces interrogations, il sentira personnellement le devoir d'écouter particulièrement la Sainte Écriture grâce à l'étude d'une saine exégèse surtout patristique, et grâce à la méditation selon les diverses méthodes éprouvées par la tradition spirituelle de l'Église, de manière à en obtenir une compréhension pleine d'amour.(138) Dans ce but, le prêtre ressentira le devoir de réserver une attention particulière à la préparation lointaine ou prochaine de ses homélies liturgiques, à leur contenu, à l'équilibre entre la théorie et la pratique, à la pédagogie et à la technique d'exposition, mais aussi à une diction qui convienne à la dignité du sermon et de ses destinataires.(139)

47. Parole et catéchèse
La catéchèse est une partie importante de cette mission évangélisatrice parce qu'elle est instrument privilégié de l'enseignement et de la maturation de la foi. (140)

Le prêtre, en tant que collaborateur et mandataire de l'évêque, a la responsabilité d'animer, de coordonner et de diriger l'activité catéchétique de la communauté qui lui est confiée. Il est important qu'il sache intégrer cette activité dans un projet organique d'évangélisation garantissant surtout la communion de la catéchèse de sa communauté avec la personne de l'évêque, avec l'Église particulière et avec l'Église universelle.(141)

En particulier, il saura susciter une responsabilité juste et opportune, une collaboration dans la catéchèse, tant parmi les membres des Instituts de Vie consacrée et des Sociétés de vie apostolique, que des fidèles laïcs,(142) adéquatement préparés, et manifestera à tous sa reconnaissance et son estime pour cette tâche catéchétique.

Il prendra particulièrement soin de la formation initiale et permanente des catéchistes, des associations et des mouvements. Dans la mesure du possible, le prêtre devra être le catéchiste des catéchistes, formant avec ces derniers une véritable communauté de disciples du Seigneur, qui puisse servir de référence pour les élèves du catéchisme.

Maître (143) et éducateur de la foi,(144) le prêtre prendra soin que la catéchèse occupe une place privilégiée dans l'éducation chrétienne au sein de la famille, dans l'enseignement religieux, dans la formation des mouvements apostoliques, etc. Il se préoccupera également que la catéchèse soit dirigée à toutes les catégories de fidèles, enfants et jeunes, adolescents, adultes, personnes âgées. En outre, il saura transmettre l'enseignement catéchétique en faisant usage de tous les moyens pédagogiques et des moyens de communication pouvant servir à ce que les fidèles, de façon adaptée à leurs caractéristiques, leur capacité, leur âge et leurs conditions de vie, soient en mesure d'apprendre de façon plus parfaite la doctrine chrétienne et de la traduire en pratique plus convenablement.(145)

A cette fin, le prêtre ne manquera pas d'avoir comme principal point de référence le Catéchisme de l'Église Catholique. Ce texte, en effet, constitue une norme sûre et authentique de l'enseignement de l'Église.(146)

Notes


(129) Cf. CONC. ŒCUM . VAT. II, Const. dogm. Dei Verbum, 5; Catéchisme de l'Église Catholique, nn. 1-2, 142.
(130) Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, nn. 150-152; 185-187.
(131) Cf. JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 21 avril 1993, n. 6: «L'Osservatore Romano», 22 avril 1993.
(132) Cf. CONC. ŒCUM . VAT. II, Const. dogm. Dei Verbum, 25.
(133) Cf. C.I.C., can. 757, 762, 776.
(134) CONC. ŒCUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis 4.
(135) Ibid.; cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, 26: l.c., 697-700.
(136) Cf. JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 21 avril 1993: «L'Osservatore Romano», 22 avril 1993.
(137) Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. dogm. Dei Verbum, 10; JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 21 avril 1993: «L'Osservatore Romano», 22 avril 1993.
(138) Cf. S. THOMAS D'AQUIN, Summa Theologiae I, q. 43, a. 5.
(139) Cf. C.I.C., can. 769.
(140) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. apost. Catechesi Tradendae ( 16 octobre 1979), 18: AAS 71 (1979), 1291-1292.
(141) Cf. C.I.C., can. 768.
(142) Cf. C.I.C., can. 776.
(143) Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, 9.
(144) Cf. ibid., 6.
(145) Cf. C.I.C., can. 779.
(146) Cf. JEAN-PAUL II, Const. ap. Fidei Depositum (11 octobre 1992), 4.

L’enseignement de saint Josémaria pour les prêtres: une réponse aux défis d’un monde sécularisé


+ Javier Echevarría
Prélat de l’Opus Dei

Permettre à Dieu d’être présent dans toutes les activités humaines est le grand défi des chrétiens dans un monde sécularisé, et c’est la tâche que saint Josémaria a rappelée à des milliers de personnes – prêtres et laïcs – durant toute sa vie. Son message peut être résumé en peu de mots: sainteté personnelle au milieu du monde.

Jésus-Christ sera présent et actif dans le monde - dans les familles, à l’usine, dans les mass-médias, dans les champs - dans la mesure où le Christ vit dans le père et dans la mère de famille, dans l’ouvrier, dans le journaliste, dans l’agriculteur… ; c’est-à-dire dans la mesure où l’ouvrier, le journaliste, l’époux ou l’épouse sont saints. Comme l’a affirmé Jean-Paul II, « on a besoin de hérauts de l’Évangile experts en humanité, qui connaissent à fond le cœur de l’homme d’aujourd’hui, qui partagent ses joies et ses espérances, ses angoisses et ses tristesses, et qui soient en même temps contemplatifs, amoureux de Dieu. Pour cela il faut de nouveaux saints. Les grands évangélisateurs (…) ont été les saints. Nous devons supplier le Seigneur d’augmenter l’esprit de sainteté dans l’Église et de nous envoyer de nouveaux saints pour évangéliser le monde d’aujourd’hui ».

Voilà le secret face à l’indifférence et à l’oubli de Dieu : notre monde a besoin de saints ; n’importe quelle autre solution est insuffisante. Le monde actuel, avec son instabilité et ses profonds changements, exige la présence d’hommes saints, apostoliques, dans toutes les activités séculières. « Un secret. — Un secret à crier sur les toits : ces crises mondiales sont des crises de saints. — Dieu veut une poignée d’hommes "à Lui" dans chaque activité humaine. — Après quoi... pax Christi in regno Christi — la paix du Christ dans le règne du Christ. »

L’absence de Dieu dans la société sécularisée se traduit par le manque de paix ; aussi les divisions prolifèrent-elles : entre les nations, au sein des familles, sur le lieu de travail, dans la vie quotidienne ensemble … Pour combler de paix et de joie ces milieux, « chacun d’entre nous doit être alter Christus, ipse Christus, un autre Christ, le Christ lui-même. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mener à bien cette vaste, cette immense entreprise qui n’aura jamais de fin : sanctifier de l’intérieur toutes les structures temporelles en y portant le ferment de la Rédemption » . Nous sommes tous appelés à collaborer à cette tâche passionnante, avec une vision optimiste face au monde où nous vivons : « Pour toi qui désires acquérir une mentalité catholique, universelle, en voici quelques caractéristiques : (...) une attitude positive et ouverte face à la transformation actuelle des structures sociales et des formes de vie. »

Dans ce travail de transformation du monde, on perçoit aussi le rôle important du prêtre. Mais, qui est le prêtre dans la société d’aujourd’hui ? Comment peut-il se convertir en ferment de sainteté ? À cette question on peut répondre en développant des propos de saint Josémaria qui définissent l’identité du prêtre et qui sont aussi valables pour un monde sécularisé : « Nous les prêtres, nous sommes tous le Christ. Je prête au Seigneur ma voix, mes mains, mon corps, mon âme : je lui donne tout » .

1. « Nous les prêtres, nous sommes tous le Christ ». Eucharistie et identification au Christ.


Ce sont certainement les laïcs qui, de façon capillaire, rendent le Christ présent aux carrefours du monde. En même temps, la vie du Christ qui commence avec le baptême a besoin du ministère sacerdotal pour s’épanouir. La grandeur du prêtre réside dans le fait qu’il lui a été donné le pouvoir de vivifier, de « christifier ». Le prêtre est « l’instrument immédiat et quotidien de cette grâce salvatrice que le Christ nous a gagnée ». Le prêtre fait venir le Christ « tous les jours au monde où nous vivons, à notre corps et à notre âme : le Christ vient nous alimenter, nous vivifier » .

Comme pasteur d’âmes et comme dispensateur des mystères de Dieu (cf. 1 Cor 4, 1), le prêtre, spécialement dans un monde indifférent à la foi, doit encourager toutes les personnes pour qu’elles progressent vers la sainteté, sans rapetisser – par lâcheté ou par manque de foi – l’horizon du commandement divin : « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Le prêtre pourra orienter d’autres personnes sur ce chemin vers la sainteté si lui-même reconnaît cette exigence, et s’il est conscient que Dieu a mis entre ses mains les moyens d’y arriver. Le grand défi pour le prêtre consiste à s’identifier au Christ, dans l’exercice de son ministère sacerdotal, pour que de nombreuses autres personnes recherchent aussi cette configuration au Seigneur, dans la réalisation de leurs tâches habituelles.

L’identification au Christ prêtre se fonde sur le don du sacrement de l’Ordre, et elle se développe dans la mesure où le prêtre met tout ce qui est sien entre les mains du Christ. Cela arrive de façon paradigmatique et éminente dans la célébration de l’Eucharistie. Le prêtre, pendant la Messe, prête son être au Christ pour faire venir le Christ. Saint Josémaria exprimait cette vérité avec une force singulière :

« J’arrive à l’autel et la première chose à laquelle je pense c’est : Josémaria, tu n’es pas Josémaria Escriva de Balaguer (…) : tu es le Christ (…). C’est Lui qui dit : ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, et qui consacre. Sinon, moi je ne pourrais pas le faire. Là se renouvelle de façon non sanglante le divin Sacrifice du Calvaire. De manière que je me trouve là in persona Christi, en train de représenter le Christ. »

Cette identification au Seigneur est un trait essentiel de la vie spirituelle du prêtre. Comme le disait saint Grégoire le Grand, « nous qui célébrons les mystères de la passion du Seigneur, nous devons imiter ce que nous faisons. C’est alors que l’hostie occupera notre place face à Dieu, si nous nous faisons hostie nous-mêmes » .

L’existence sacerdotale entière s’oriente vers le fait que le propre « moi » décroisse, afin que le Christ grandisse dans le prêtre : se cacher et disparaître est une expression que saint Josémaria aimait beaucoup. Il invite spécialement les prêtres à préférer le sacrifice obscur et silencieux aux manifestations sensationnelles ou tapageuses.

Paradoxalement, pour contrecarrer l’absence de Dieu dans un monde sécularisé, saint Josémaria propose aux prêtres non pas une imposante activité publique, avec son écho médiatique, mais simplement de se cacher et disparaître. Ainsi, quand le « moi » du prêtre disparaîtra, la présence du Christ dans le monde se propagera, selon la logique divine qui nous est dévoilée au cours de la célébration de l’Eucharistie.

« Il me semble qu’on nous demande, à nous prêtres, l’humilité d’apprendre à ne pas être à la mode, d’être réellement les serviteurs des serviteurs de Dieu — en nous souvenant de ce cri de Jean-Baptiste : illum oportet crescere, me autem minui (Jn 3, 30), il faut que Lui grandisse et que moi, je décroisse — pour que les chrétiens ordinaires, les laïcs, rendent le Christ présent dans tous les milieux de la société. (…) Si l’on croit que le clergé doit nécessairement parler et être toujours présent pour que la voix du Christ se fasse entendre dans le monde d’aujourd’hui, c’est qu’on n’a pas encore bien compris la dignité de la vocation divine de tous les fidèles et de chacun d’entre eux. »

L’existence sacerdotale consiste à mettre tout ce qui est nôtre à la disposition de Dieu : prêter la voix au Seigneur, pour qu’Il parle ; Lui prêter les mains, pour qu’Il agisse ; lui prêter corps et âme, pour qu’Il grandisse dans le prêtre et, par son ministère, en chacun des fidèles chrétiens. Face aux défis de notre monde, Saint Josémaria apprend à tous les prêtres l’humilité et l’abnégation : mettre leur « moi » entièrement à la disposition du Seigneur.

2. « Je prête ma voix au Seigneur ». Familiarité avec la Parole et disponibilité pour les âmes.


L’Eucharistie « renferme en elle-même tous les mystères du christianisme. Nous célébrons donc l’acte le plus sacré et le plus transcendant que nous, les hommes, puissions par l’effet de la grâce de Dieu accomplir dans cette vie » . Le prêtre prête sa voix au Seigneur, de façon ineffable au moment où il prononce les mots de la consécration, qui permettent que la force de Dieu Père, Fils et Esprit Saint réalise le prodige de la transsubstantiation. L’efficacité de ces mots ne vient pas du prêtre mais de Dieu. Le prêtre, de par lui-même, ne pourrait pas dire efficacement « ceci est mon corps », « ceci est la coupe de mon sang » : il n’y aurait pas de conversion du pain et du vin en Corps et Sang du Christ. Or cela, qui a lieu de façon extraordinaire durant la célébration eucharistique, au moment le plus sublime de la vie du prêtre, peut s’étendre de façon analogue à toute sa vie et à tout son ministère.

L’efficacité de la parole du prêtre – dans la prédication, dans la célébration des sacrements, dans la direction spirituelle et dans les relations avec les personnes – provient du même principe : prêter sa voix au Seigneur.

a) Familiarité avec la voix de Dieu
Prêter sa voix au Seigneur exige avoir confiance en Lui ; il faut écouter la voix de Dieu et l’incorporer à sa propre vie. Pour arriver à cette familiarité, saint Josémaria indique deux chemins indispensables : la vie de prière et l’étude. Le prêtre doit consacrer du temps à étudier et à méditer la Sainte Écriture, et à approfondir sa formation théologique, pour que résonne fidèlement la voix du Christ qui parle dans son Église.

« La prédication de la parole de Dieu exige de la vie intérieure : nous devons parler aux autres de choses saintes, ex abundantia enim cordis, os loquitur (Mt 12, 34); la bouche parle de l’abondance du cœur. Et avec la vie intérieure, l’étude : (…) Étude, doctrine que nous incorporons à notre propre vie, et que seulement ainsi nous saurons donner aux autres de la façon la plus convenable, en nous adaptant à leurs besoins et à leurs circonstances avec un don des langues. »

Le peuple chrétien a soif d’entendre la voix de Dieu. Le prêtre ne peut décevoir ces saints désirs. Dans le monde d’aujourd’hui, où la confusion est grande, le prêtre doit se faire le fidèle rapporteur de la Parole de Dieu : avoir de la vie intérieure et étudier la doctrine, afin que la prédication ne soit pas l’écho d’autres voix que celle du Christ. Suivre avec confiance le Magistère donne la garantie que le Christ sera écouté dans l’Église et dans le monde. Saint Josémaria encourageait aussi les prêtres à demander des lumières à l’Esprit Saint pour n’être que ses instruments, puisque c’est le Paraclet qui agit dans l’âme. Prêter sa voix à Dieu signifie encore que le prêtre ne se prêche pas lui-même, mais Jésus-Christ, Notre Seigneur (cf. 2 Cor 4, 5), en écho à l’Évangile. Alors l’efficacité de la prédication viendra du Seigneur lui-même :

« Des paroles de Jésus-Christ bien exposées, claires, douces et fortes, pleines de lumière, peut dépendre la résolution du problème spirituel d’une âme qui vous écoute, désireuse d’apprendre et de prendre une décision. Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles (Hb 4, 12). »

D’une certaine façon, le prêtre doit aspirer à avoir la même intimité avec la Parole de Dieu que celle qu’eut Sainte Marie. Benoît XVI, à propos du Magnificat, « entièrement brodé avec les fils de l’Écriture Sainte », décrit cette familiarité de la Vierge en ces termes : « Elle parle et pense au moyen de la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu devient sa parole, et sa parole naît de la Parole de Dieu. Il apparaît alors que ses pensées sont au diapason des pensées de Dieu, que sa volonté consiste à vouloir avec Dieu. »

Le Saint Père va au-delà, en signalant que la Sainte Vierge, « étant profondément pénétrée par la Parole de Dieu, peut devenir la mère de la Parole incarnée » . Quelque chose d’analogue se produit avec le prêtre. Saint Josémaria disait, en faisant référence à l’Eucharistie, que si Notre Mère a mis Jésus au monde, « les prêtres le font venir tous les jours au monde où nous vivons, à notre corps et à notre âme ».

Prêter sa voix au Seigneur demande de l’humilité : faire taire les opinions personnelles sur les questions de foi, de morale et de discipline ecclésiastique quand elles sont discordantes, ne pas s’attacher à ses propres idées et, dans le désir de servir, chercher ce qui unit. C’est de Jésus-Christ que le prêtre doit parler aux hommes, leur communiquer la doctrine du Christ comme le fruit de sa vie intérieure et de son étude : sainteté personnelle et profonde connaissance de la vie des hommes et des femmes de son temps.

b) Disponibilité pour prêter sa voix au Seigneur
Prêter sa voix au Seigneur exige un minimum de disponibilité. Saint Josémaria ne s’est jamais lassé de demander aux prêtres de consacrer du temps à répéter les gestes du pardon divin. Pour que la voix miséricordieuse de Dieu arrive aux âmes à travers le sacrement de la Réconciliation, une condition nécessaire, quasi évidente mais fondamentale, c’est d’être disponible pour s’occuper de ceux qui s’en approchent. Ce serait une erreur de penser que, dans notre monde, cela supposerait une perte de temps. Ceci équivaudrait à empêcher Dieu de parler, quand il veut pardonner par l’intermédiaire de ses ministres. Saint Josémaria avait fait l’expérience que, lorsque le prêtre avec constance, jour après jour, passe du temps à cette tâche, en restant dans le confessionnal, ce lieu de miséricorde finit par se remplir de pénitents, même si au début personne n’y venait. Au Portugal, en 1972, il décrivait ainsi à un groupe de prêtres diocésains le résultat de cet effort persévérant :

« Ils ne vous laisseront pas vivre, pas plus que vous ne pourrez vous adonner à la prière au confessionnal, parce que vos mains ointes, comme celles du Christ – fondues en elles, parce que vous êtes le Christ –diront : je te pardonne. Aimez le confessionnal. Aimez-le, aimez-le ! »

Saint Josémaria avait une foi très vive dans cette profonde vérité : le prêtre est le Christ lorsqu’il dit « je te pardonne ». Avec un grand sens surnaturel et du bon sens, il donnait des conseils très pratiques afin que la dignité du sacrement ne se ternisse pas, pour qu’il soit le canal limpide de la voix de Jésus-Christ. C’est pourquoi il aimait le confessionnal. Il comprenait qu’en utilisant cet instrument traditionnel, on encourageait les bonnes dispositions– tant celles du pénitent que celles du confesseur – qui rendent plus faciles la sincérité et un ton surnaturel propre à une réalité sacrée.

« Dieu Notre Seigneur connaît bien ma faiblesse et la vôtre : nous sommes tous des hommes ordinaires, mais Jésus-Christ a voulu nous transformer en un canal qui fait arriver les eaux de sa miséricorde et de son Amour à beaucoup d’âmes. »

Il parlait du sacrement de la Pénitence comme d’une tâche dont le prêtre s’acquitte volontiers, comme d’une passion dominante. Sans aucun doute, les heures quotidiennes employées à confesser, « avec charité, avec beaucoup de charité, pour écouter, pour conseiller, pour pardonner » entrent dans la formule se cacher et disparaître, si efficace pour rendre le Christ présent parmi les gens, dans leurs milieux.

Lorsqu’il confesse, le prêtre – dans son rôle de juge, de maître, de médecin, de père et de pasteur – fait l’expérience de la nécessité de transmettre une doctrine claire face aux difficultés de la vie des pénitents. Bien conscient de cela, saint Josémaria a encouragé les prêtres à cultiver un vif désir de conserver et d’améliorer la science ecclésiastique, « spécialement celle dont vous avez besoin pour administrer le sacrement de Pénitence ». « Veillez à consacrer un moment chaque jour – écrivait-il un jour à des prêtres – ne serait-ce que quelques minutes – à l’étude de la science ecclésiastique. » Dans ce but, il a également encouragé l’organisation d’échanges, de rencontres, de réunions entre prêtres, etc.

La renaissance de la pratique de la confession sacramentelle constitue un des grands défis du monde actuel, qui a besoin de redécouvrir le sens du péché et de faire l’expérience de la joie de la miséricorde de Dieu. Le prêtre, en étant disponible pour célébrer le sacrement de la Réconciliation, et en veillant – par la prière et par l’étude – à ce que ses idées soient en harmonie avec la doctrine de l’Église, est absolument irremplaçable.

Les fidèles laïcs doivent aussi sentir la responsabilité d’amener au prêtre leurs collègues, leurs parents et leurs amis pour qu’ils puissent écouter la voix de Dieu et recevoir son pardon. La collaboration entre laïcs et prêtres, dans ce domaine, est spécialement importante dans la société d’aujourd’hui.

Saint Josémaria comprenait que, également dans l’exercice de la direction spirituelle, le prêtre est un instrument pour que la voix de Dieu parvienne aux âmes ; dans cette tâche, il ne doit se sentir ni propriétaire ni modèle. « Le modèle c’est Jésus-Christ, le modeleur, l’Esprit Saint, par la grâce. Le prêtre est l’instrument, rien d’autre. » La direction spirituelle, une autre des passions dominantes de saint Josémaria, ne consiste pas à donner des ordres, mais plutôt à ouvrir des horizons, à signaler les obstacles, en suggérant les moyens de les surmonter, et à stimuler l’apostolat. En définitive encourager chacun à découvrir et réaliser le dessein de sainteté de Dieu sur lui.

Cela n’est possible que si le prêtre lui-même est persuadé qu’encourager la recherche de la sainteté c’est conduire les personnes au bonheur. Cette conviction naît de la lutte du prêtre en vue de sa propre sanctification, elle est le fruit de l’amour de la volonté de Dieu et elle est nécessaire pour contrecarrer la pensée laïciste qui tend à éliminer Dieu de l’horizon du bonheur humain.

3. « Je prête mes mains au Seigneur ». Amour de la liturgie et obéissance à l’Église.


Au cours de la Sainte Messe, c’est le Christ qui, à travers le prêtre, s’offre au Père par le Saint-Esprit. Les mains du prêtre, ointes durant la cérémonie d’ordination, ont toujours été vénérées par les chrétiens, parce qu’elles font venir le Christ, parce qu’elles dispensent les trésors de la rédemption.

Saint Josémaria avait la vive conscience de ce que la liturgie est une action divine, sacrée, non pas une action humaine. Si un monde déchristianisé se caractérise, dans une large mesure, par l’absence du sacré, le prêtre doit relever aujourd’hui le grand défi de faire de son mieux pour prendre soin de la liturgie, en prêtant à Dieu ses mains et son être tout entier.

Cela signifie qu’il faut éviter des attitudes protagonistes susceptibles de ternir l’action divine. La formule de saint Josémaria s’applique aussi au service liturgique : « Se cacher et disparaître voilà ce qui me revient, pour que seul Jésus brille ». Ce principe répond à une logique de foi et de vision surnaturelle. Ce n’est que dans l’horizon de la foi qu’on comprend en profondeur l’efficacité surnaturelle que renferme le fait de prêter ses mains au Seigneur ; et qu’on accepte volontiers les conséquences pratiques que cela entraîne : fidélité à la foi et à la doctrine catholique, obéissance délicate aux normes liturgiques :

« Faites toujours un effort particulier pour suivre docilement le Magistère de la Sainte Église ; observez par conséquent, avec la même obéissance délicate, toutes les indications du Saint-Siège en matière liturgique, en vous adaptant généreusement aux possibles modifications – qui seront toujours accidentelles – que le Souverain Pontife peut introduire dans la lex orandi. »

Les mains du prêtre doivent être celles d’une personne amoureuse, qui sait s’occuper avec délicatesse des choses du Seigneur et, très spécialement, de tout ce qui se réfère au culte divin. La négligence des églises, des autels et des objets du culte donne inévitablement une certaine sensation d’absence de Dieu ou d’indifférence. Pour faire face à un monde matérialiste, il faut accorder un soin attentif à tout ce qui est en relation avec la présence sacramentelle du Seigneur dans l’Eucharistie. Dans une célébration liturgique imprégnée d’un esprit d’adoration se trouve une sobre beauté qui élève l’esprit vers Dieu et communique la présence du sacré. Saint Josémaria a toujours été préoccupé par l’idée que la dignité du culte n’est jamais excessive :

« Prenez-moi grand soin des objets du culte : c’est manifester notre foi, notre piété et notre pauvreté bénie ; en nous engageant à réserver au culte le meilleur de ce dont nous pouvons disposer, elle nous oblige à en user avec la plus fine délicatesse : sancta sancte tractanda! Voilà des joyaux de Dieu. Les calices sacrés et les linges saint et tout ce qui appartient à la Passion du Seigneur… à cause de leur étroite relation avec le Corps et le Sang du Seigneur, doivent être vénérés avec la même révérence que son Corps et son Sang (St. Jérôme, Epist. 114, 2). »

4. « Je prête mon corps et mon âme au Seigneur ». Prêtre à cent pour cent.


Après avoir considéré comment la voix et les mains du prêtre sont prêtées au Seigneur, nous arrivons, comme dans un in crescendo d’identification au Christ, à une formulation omni-compréhensive de l’identité sacerdotale : « Je prête mon corps et mon âme au Seigneur : je lui donne tout. » Cette expression, qui fait référence à la célébration eucharistique pendant laquelle le prêtre agit in persona Christi Capitis, peut s’étendre de façon analogue à la vie entière du prêtre, en constituant son aspiration la plus intime : être, toujours et en tout, ipse Christus, le Christ lui-même.

Saint Josémaria décrivait avec force ce sens de totalité propre au sacerdoce. En faisant référence à un groupe de prêtres fraîchement ordonnés, il l’exprimait de la manière suivante : « Ils ont reçu le Sacrement de l’Ordre pour être, ni plus ni moins, des prêtres-prêtres, des prêtres à cent pour cent. »

En même temps il est évident que la collaboration entre prêtres et laïcs est toujours indispensable, chacun selon la mission qui lui est propre. Comme l’écrivait saint Josémaria, « cette collaboration est aujourd’hui très importante, vitale, urgente » . D’une part, parce que les prêtres, en tant que tels, n’ont pas accès à de nombreux milieux professionnels ou sociaux. D’autre part, parce que les laïcs, pour être véritablement d’autres Christs, ont besoin d’une vie sacramentelle et donc d’avoir recours au ministère sacerdotal. Sans vie intérieure, le laïc finirait par se mondaniser, au lieu de christianiser le monde : il faut une intense vie surnaturelle pour exercer une influence chrétienne dans les milieux où toute trace de Dieu semble avoir disparu.

« Dans l’exercice de leur apostolat, les laïcs ont une nécessité absolue du prêtre quand ils arrivent à ce que j’ai l’habitude d’appeler le mur sacramentel, tout comme les prêtres – spécialement dans un climat d’indifférence religieuse, quand ce n’est pas d’attaque brutale contre la religion dans la société actuelle – ont besoin des laïcs pour l’apostolat. »

Cette collaboration est efficace dans la mesure où l’on respecte la nature même de la vocation de chacun d’eux : le laïc doit être le Christ au beau milieu de la rue, dans les circonstances normales où il lui est donné de vivre : dans la vie en commun avec ses égaux, dont il partage les projets et les aspirations. En même temps, le prêtre doit être prêtre toujours et entièrement, et vivre pour soutenir et stimuler le désir de sainteté des hommes et des femmes, dans un dévouement plein d’abnégation à son ministère. Il y aura difficilement des laïcs qui persévèrent dans leur effort pour rechercher la sainteté dans la vie ordinaire, sans prêtres « entièrement dévoués à leur service, qui s’oublient habituellement eux-mêmes, pour ne se préoccuper que des âmes » .

Saint Josémaria répétait souvent qu’il n’avait qu’une seule et même marmite pour tous, dont le contenu se résume dans la recherche de la sainteté au milieu des occupations ordinaires. À cette marmite peuvent se nourrir le père et la mère de famille, l’ingénieur, l’avocat, le médecin, l’ouvrier et aussi le prêtre. Or le prêtre joue un rôle irremplaçable pour aider les fidèles à être saints : il doit être au service de tous, être prêtre pour les autres. À cause de la mission qu’il a reçue de Dieu, il a une obligation particulière de rechercher la sainteté. « De nombreuses et grandes choses dépendent du prêtre : nous avons Dieu, nous faisons venir Dieu, nous donnons Dieu » .

Pour cette raison, le fondateur de l’Opus Dei parlait d’être prêtre à cent pour cent, ce qui est la conséquence de faire de sa propre vie ce qui a lieu au cours de la Sainte Messe : prêter son corps et son âme au Seigneur ; tout lui donner. Cela signifie aussi que le sacerdoce n’est pas un métier, ni une tâche qui occupe partiellement la journée à côté d’autres occupations. Pour saint Josémaria, il n’y a pas de domaine de l’existence personnelle qui ne soit pas sacerdotal : jusque dans les situations apparemment plus insignifiantes ou dans ses occupations profanes, le prêtre est toujours prêtre, pris d’entre les hommes, constitué en faveur des hommes (cf. Hb 5, 1).

Le don du célibat sacerdotal est en pleine concordance avec le fait de prêter son corps au Seigneur. Au milieu du monde qui tend facilement à banaliser la dignité du corps, le fait d’offrir totalement son corps à Notre Seigneur Jésus-Christ au cours de la célébration eucharistique revêt une signification particulière. Le célibat de Jésus-Christ illumine avec toute sa force et sa clarté le célibat du prêtre. Le Christ, durant les années de son existence terrestre et au cours de la vie de son Église, a prouvé à quel degré extraordinaire de paternité et maternité, de charité sans limite, on arrive grâce à ce don.

Tout au long de sa grande expérience pastorale, saint Josémaria a constamment ressenti la nécessité d’une forte identité sacerdotale : ce n’est pas vrai que les chrétiens veulent voir dans le prêtre un homme de plus ; le peuple chrétien, ce qu’il veut du prêtre c’est qu’il soit prêtre. Dans la société actuelle, où nombreux sont ceux qui prétendent dissimuler Dieu, les chrétiens ont besoin de percevoir encore plus la présence du Christ dans le prêtre ; ils ont besoin et demandent, avec les mots de saint Josémaria, « une claire manifestation du caractère sacerdotal : ils attendent du prêtre qu’il prie, qu’il ne se refuse pas à administrer les sacrements, qu’il soit prêt à accueillir tout le monde sans s’ériger en chef ou militant de factions humaines, quelles qu’elles soient ; qu’il mette amour et dévotion dans la célébration de la Sainte Messe, qu’il s’asseye au confessionnal, qu’il console les malades et les affligés ; qu’il enseigne le catéchisme aux enfants et aux adultes, qu’il prêche la Parole de Dieu et non une science humaine quelconque qui — quand bien même il la connaîtrait parfaitement — ne serait pas la science qui sauve et conduit à la vie éternelle ; qu’il conseille et soit charitable envers ceux qui sont dans le besoin. En un mot, ce que l’on demande au prêtre, c’est d’apprendre à ne pas faire obstacle à la présence du Christ en lui » .

* * *

Cette dernière phrase peut résumer peut-être le défi que le monde actuel lance aux ministres sacrés. Pour les hommes de tous les temps, le prêtre doit rendre Dieu présent ; et pour cela, il doit apprendre à prêter au Christ sa voix, ses mains, son âme et son corps : tout ce qui lui est sien. Cela a lieu principalement lors des sacrements ou dans la prédication, mais pas uniquement dans ces occasions. La propre dynamique du sacrement de l’Ordre dont le centre et le sommet est l’Eucharistie, porte à se donner entièrement, le long de la journée, corps et âme au Christ.

La vie terrestre de Sainte Marie, Mère du Christ, Prêtre Éternel, et Mère de tous les prêtres, a été un « que cela se fasse — sincère, généreux, sans limite, qui se manifeste, non par des actions voyantes, mais par un sacrifice quotidien, silencieux et caché » L’efficacité de cette attitude est patente dans la Sainte Vierge. C’est pourquoi, en permanence, Marie continue d’assurer la présence de Dieu dans les maisons, dans les rues. La Mère de Dieu est souvent le dernier réduit de la foi d’où si souvent germent à nouveau la conversion et la découverte de la joie de la vie chrétienne au milieu du monde.

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