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L'Appel de Culnhu

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Published in 
CyberPunk
 · 9 Feb 2024

         Ú----------------------· 
³ Ö-¿ L'Appel de º Un récit original sur le
³ º Ò ÂÒ Ò¿¿Ò ÂÒ Â º thème : "Les influences du
³ º º ³º º³³Ç-´º ³ º mythe de Lovecraft sur un
³ Ó-ÙÓ-ÙÓ-Ù½ÀÙÐ ÁÓ-Ù º ami-GAGA-tiste, passé 23H"
ÔÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍÍͼ

Préambule...

Après ce matin là je ne fut plus jamais le même. Moi qui d'ordinaire souriant, ouvert, ne prétais jamais attention à ce que je pensais être des commérages malveillants nés d'incertains profanateurs de technologies sacrées, la lettre de WARRANT que je reçu ce matin funeste me retourna comme une crèpe ; ou plutôt comme un vieux biscuit moisi et violacé que l'on retrouve après une longue période de macération dans les glauques tréfonds de son appartement, repère obscure dans lequel fermentent la pestilence accarienne avec un cloaque micro-bactérien puruleux.

Je sentis dès les premiers instants, dès lors que j'eu posé mes yeux sur la première ligne, des forces maléfiques titanesques m'envelopper et refermer sur moi les membranes impalpables d'une créature inhumaine.

Quand je reposai la lettre impregnée de sang, de sueur, de salive, et de tout autre mucus que peut sécreter un corp humain savament torturé, ma décision me fut vite soufflée par LE maitre, mon inspirateur : Il fallait mettre à bas ces désapprobations conservatrices et improductives, et exterminer ces véléitées païennes qui osaient toujours s'élever contre la prophétie !

Je m'empara de la dague mythique de Mykhos Hoft, qui fut forgée jadis en des temps où l'obscurantisme barbare faisait encore concurrence à la marche du (P)rogrès (C)osmique, par le grand prètre Bilghait'thss, à partir d'une carte d'extension LIM 8 bits.

J'allais en sachant que ce que j'étais décidé à faire, dont je ne me laissait alors même pas entrevoir toute la répugnante atrocité, était nécessaire pour l'avènement de notre règne.

J'allais en sachant que mes confrères inquisiteurs auraient tous appliqués la même sentence à pareille hérésie.

J'allais en sachant qu'un pentagramme tracé à la craie ne m'arrèterait pas...

Il existe des limites à l'horreur que peut supporter un homme. L'univers a des secrets que l'humanité ne doit pas connaitre. L'évênement naturel le plus insignifiant deviendrait rapidement terrifiant à l'homme connaissant ses causes cachées. Des forces invisibles nous entourent. Des puissances nous guettent. Bientôt viendra le jour de la prophétie de Ouargl, et le monde entier hurlera de terreur et de frénésie.

J'ai percé les arcanes des Anciens Dieux. J'espère terminer ce fichier avant qu'ILS ne me retrouvent. Ou peut-être m'ont -ils déjà localisé et se gaussent-ils dans l'ombre, préparant un Guru Méditation qui m'éradiquera à jamais ?

Le bruit du ventilateur de mon PC m'empêche d'entendre le hurlement des engoulevents, appel sinistre émanant de l'âme prisonnière et tourmentée d'anciens codeurs ST. La pluie tombe depuis des heures, et le vent passe en un râle sibilant à travers mes volets. Je suis transi, mais ne peut me lever. Je dois terminer ce texte avant le levé du jour, et le balancer sur Internet avant qu'il ne soit trop tard. (Et si avec ça ils ne me refilent pas des tranches de downloading...)


-*-*-*-*-*-


Tout a commencé le jour où j'ai pénétré dans une échoppe sombre et poussiéreuse, dans la petite ville d'Ismouch. La vitrine avait attiré mon regard. Elle ne contenait absolument rien à part un moniteur poussiéreux. En m'approchant, je sentis la pulsation animale qui s'en dégageait. Une impulsion me poussa à entrer. L'unique occupant de la pièce vint aussitôt à moi, curieuse créature contrefaite qui me déplût souverainement. Sa bouche se tordit en un rictus, parodie d'un sourire de bienvenue, et il ahana dans un souffle asthmatique : "Bienvenue à la FLAC Monsieur".

Je ne lui répondit pas et commençais à examiner le contenu des étagères en bois massif. Un épais livre relié dans un cuir riche et odorant attira mon attention. Je me penchais vers lui et lu le titre: "De Amiga Mysteriis" par le Comte Levrette.

Le vendeur avait suivi mon regard, et il me devança avec une rapidité surprenante, s'emparant du livre et m'observant d'un air obséquieux:

  • "Je vois que Monsieur est un connaisseur. Ce livre n'est malheureusement pas à vendre.
  • Il me le faut cependant. Je ne savais pas qu'il en restait un exemplaire. On a raconté que tous ont brulé dans la grande crémation, lors de l'avènement du..." Je m'interrompit, n'osant prononcer les syllabes impies.

L'étrange créature termina pour moi:

  • "Lors de l'avènement du PC. Beaucoup ont disparus, victimes de la folie des hommes, mais il reste des fidèles à l'ancien culte.
  • Donnez moi ce livre. J'ai sur moi la dernière intro du FAT"

Ses yeux globuleux parurent s'arrondir davantage, si cela était possible.

  • "On raconte d'étranges histoires. L'une d'elle prétend que le Grand Prêtre du FAT a échappé à la curée, et erre dans l'ombre, rassemblant les forces alternatives de la scène.
  • En effet, et toute histoire a un fond de vérité. Or il se trouve présentement que le Grand Prêtre du FAT se trouve devant toi, et qu'il a besoin du bouquin, abruti !"

Le vendeur recula légèrement, mais mes invocations produisirent l'effet désiré. Il me remit la relique et m'accompagna jusqu'à la porte.


Une fois dehors, je couru jusqu'à ma chambre d'hotel, située à proximité du port. A peine arrivé, je contemplais la quête de toute une vie. Mes efforts n'avaient pas étés vains, et l'espoir renaissait en moi, tandis que je caressais le schéma du blitter 64 bits.


-*-*-*-*-*-


Une curieuse rumeur m'arracha à ma contemplation. Le crépuscule s'installait et un bruit étrange montait des eaux du port maintenant désert.

Tandis que l'obscurité s'installait, la rumeur alla croissante, jusqu'à devenir un son d'une qualité si bizarre que je m'approchais de la fenêtre.

Tout d'abord, je ne distinguais rien. Une ombre furtive devant la lueur tremblotante d'un lampadaire attira rapidement mon attention. Cette ombre était ramassée sur elle-même, et semblait bossue. Elle fut rejointe par plusieurs ombres similaires, et elles se mirent à avancer de concert vers mon hotel, d'une curieuse démarche sautillante.

Bientôt, la flamme d'une torche déchira la nuit. Un piège se refermait sur moi telle une nasse, et il me fallait fuir ou mourir. L'escalier de service menait à une arrière cour donnant sur une sinistre ruelle. Je me précipitais dans une direction que je supposais opposée à celle du port, avec pour seul bagage "De Amiga Mysteriis". A bonne distance de l'hotel, je me retournais dans sa direction, pour découvrir le spectacle d'un brasier
infernal.

Je me hâtais vers la gare, mais pas assez rapidement pour ne pas entendre la complainte lugubre d'une créature inhumaine, venant du port. Je pris le premier train pour Arcame. Sa bibliothèque universitaire seule pouvait m'éclairer sur les étranges créatures peuplants la nuit. Le voyage se passa rapidement, et lorsque j'arrivais, les premiers rayons du soleil donnaient aux évenements de la nuit une consistance irréelle.


-*-*-*-*-*-


Le bibliothécaire de l'université d'Arcame était une vieille connaissance. Sourcils froncés, rides profondes causées par le déchiffrage de manuscrits abscons, et cheveux grisonnants, il débordait néanmoins d'energie. Il se situait à l'opposé de ce que l'on rencontre habituellement dans les blibliothèques universitaires, à savoir des fonctionnaires avachis attendants la retraite.

Il me fit un accueil abrupt: "Ca faisait trop longtemps que la ville était paisible ! Que viens-tu faire ?"

Je baissais la voix, tout en tirant légerement "De Amiga Mysteriis" de ma veste: "Il me faut le jeu d'instruction du 68060."

La vue du livre lui fit écarquiller les yeux. Il reprit d'un ton plus mesuré : "Hum... Ca fait tellement longtemps... Si tu venais boire un verre chez moi ?"

J'acceptais et flanais dans la biblibothèque, attendant l'heure de la fermeture. A trois heures, le personnel jeta dehors les derniers étudiants qui s'obstinaient à ignorer les coups d'oeil insistants qu'on leur jetait, et fermèrent les portes.

Je suivis le bibliothécaire qui m'amena à son logement, situé dans une rue proche. Il me servit un verre d'eau (du robinet) et se laissa tomber lourdement dans un fauteuil au cuir rapé.

Il me jeta un regard acéré:

  • "Bon... Le jeu d'instruction du 68060... Tu sais que ce livre a été interdit par le comité réformateur ?
  • Je sais très bien où vont tes sympathies, et je suis persuadé que tu l'as ici, caché quelque part...
  • Effectivement, je pense que le PC est une merde. Du matériel sous-exploité pour des crétins sous-doués. Et ne fais pas cette tête la, mon appartement est muni d'un dispositif de brouillage d'écoute.
  • Il y a autre chose. Avant d'arriver, j'ai échappé à un attentat dirigé manifestement contre ma personne.

Je lui narrais alors les événements de la nuit précédente.
Je conclus:

  • "Il semble que la prophétie disait vrai. Les Anciens Dieux vont revenir dès que l'offre logicielle sera suffisante.
  • Et une nouvelle ère de ténèbres s'ouvrira. Les codeurs Basic et Apl vont réapparaitres, semant la désolation.
  • Il faut empêcher cela. Je n'ai lu que des fragments de la prophétie, mais elle se trouve intégralement dans "De Amiga Mysteriis". "

Il manipula une latte du parquet et plongea sa main dans l'espace ainsi ménagé. Il la retira avec une brochure qui irradiait une puissance contenue. Elle portait pour seul titre cinq chiffres: "68060". Il me la tendit avec respect, et je l'enfouis dans ma poche.

Je pris alors congé, pour prendre le premier 'express' (du moins d'après les brochures SNCF) à destination d'Eperniais. En prenant congé sur le pas de sa porte, j'eu la sensation d'être observé. Je me retournais, mais la rue était vide.


-*-*-*-*-*-


En attendant le train, j'eu de nouveau cette étrange sensation. Cette fois, une silhouette furtive passa à l'extrémité de mon champ de vision. Je feignis de n'avoir rien aperçu, tout en me dirigeant nonchalamment vers un coin désert de la gare. Je pivotais alors sur mes talons, pour me trouver nez à nez avec une créature abjecte, aux yeux injectés de sang et doté d'un tremblement irrépréssible des mains. Je reconnus un Sissaupe, créature autrefois humaine et dont le métabolisme avait muté, suite aux trop nombreuses nuits passées sur le réseau, à observer des tubes cathodiques de mauvaise qualité.

La créature émis un son, proche du sifflement aigu. Un modem seul m'aurait permis de déchiffrer ce langage étrange. Il tira de sa poche un opinel n°43, et commença à le déplier laborieusement. Je lui envoyais alors un coup de pied dans le port d'extension, et courus vers le train qui entrait en gare.

Le Sissaupe se releva lentement. Il tituba vers le train, puis s'écroula à nouveau, dans l'indifférence générale. Je montais alors dans un wagon, et allais occuper une cabine vide.

Durant le trajet,je ne fus dérangé que par un homme habillé d'une manière étrange et qui me dit "Biyai siouplè". Devant mon indifférence, il répéta la phrase avec plus de vigueur, et comme je ne répondais toujours pas, il voulu me faire lever de mon siège Je me levais alors avec un sourire carnassier, et fit jouer mes articulations dans un craquement sinistre. Je le dominais d'une bonne tête, et lui parlais d'un ton mesuré :

"Créature inférieure, aujourd'hui je me sens bon. Je serais donc clément malgré ton outrecuidance. Tu as dix secondes pour quitter les lieux."

L'étrange individu recula, subjugué par ma puissance, et sorti en esquissant une rapide courbette. Je somnolais durant le reste du voyage.

La nuit tombait alors que je quittais la gare. Ma maison n'était pas située très loin, mais je craignais de rencontrer d'autres servants du culte immonde. J'avançais rapidement, mais la nuit m'enveloppa bientôt, tel un manteau à la fois protecteur et menaçant. Des cris étranges retentissaient tout autour de moi, mais je les ignorais. Je croisais même un adolescent boutonneux qui proférait des mots sans suite, à la manière d'une incantation : "Oïnk oïnk.. 240 BPM.. Oïnk oïnk.." J'évitais son regard, car je craignais d'y lire la folie, et pressais davantage le pas.

La fin du trajet fut très éprouvante, à la fois physiquement et nerveusement. Des murmures menaçants m'environnaient, surgissants de tous les côtés, alors que des voix lascives murmuraient "Viens voir mon système d'exploitation". Apercevant enfin la silhouette rassurante de ma maison, je me mis à courir pour échapper aux voix des ténèbres.

Il me sembla que des mains invisibles s'accrochaient à mes vêtements, dans ma course éperdue. Je hurlais "Non ! Vous n'aurez pas d'autographe !" et alors seulement la rue redevint déserte.


-*-*-*-*-*-


Un parfum étrange flottait dans ma maison. Une odeur de corruption douceatre m'environnait. Je me rendit à ma chambre, pour constater qu'elle avait été fouillée de fond en comble. Heureusement,le double fond de mon tower avait échappé aux regards indiscrets, et j'y retrouvais mes sources du FAT. J'allumais mon PC, et tapais "go 5000", ce qui me bascula sous amigados. Ce bricolage astucieux m'avait permis d'échapper au comité réformateur qui traquait impitoyablement les survivants de l'ancien culte.

Le décryptage de la prophétie commença alors, lent et laborieux. Le multitache resta longtemps obscur, car il n'avait aucun équivalent dans le monde PC. J'avais entendu dire qu'une équipe de Chicago travaillait à l'adaptation de Widow, mais sans résultats interessants.

Le lendemain, j'avais déchiffré le sens général de la prophétie. Je n'en sentis que mieux l'urgence qu'il y avait à réagir. La prophétie annonçait que lorsque l'offre logicielle serait devenue suffisante, le portail du DOS s'ouvrirait, laissant entrer les Anciens Dieux : Ikhaka "celui-qui-marche-sur-l'assembleur", Shubniggurath "l'immonde-bouc-aux-milles-cobol", Yog Sotote "Celui-qui-provoque-les-Gurus-Meditations", et leur maitre : le terrible et indicible Culnhu "Celui-qui-rampe-dans-la-mémoire-haute".

Les Anciens Dieux possédaient la magie des Lamers : On ne pouvait les tuer, car ils avaient les vies infinies. Il fallait donc empêcher le portail de s'ouvrir. La seule solution passait par l'élimination physique des grands prêtres du PC. Je connaissais l'incantation, mais il me manquait les ingrédients nécessaires : de la bave de codeur ST, une pomme à moitié croquée, la queue d'une souris et un joystick PC qui marche.

Jusqu'à hier, la quête des ces éléments m'a absorbée. Le plus difficile à trouver fut le joystick PC.

Je me suis alors décidé à transcrire ces évenements, car je crains que la puissance du sort n'absorbe mon fluide vital. Je suis désolé pour mes contacts qui attendent leurs disquettes, mais l'équilibre cosmique dépend de ma décision.

Le temps presse. Les sectateurs des Anciens Dieux ont retrouvé ma trace. Je sens leur aura de haine, qui a pris une consistance presque physique. La découverte de ma maison n'est plus qu'une question d'heures.

Je vais tracer le pentagramme avec mon sang, et disposer les ingrédients en son centre. Alors, je prononcerais l'incantation : "Accès rapide à la mémoire, vidéo perfectionnée, coprocesseurs performants et canaux DMA, sont des choses que vous n'aurez pas !"

Je vais maintenant sauvegarder ce texte.

Je crois que le pentagramme serait aussi efficace tracé à la craie, non ?

      ------------------------------------------------------------------ 

Texte "L'Appel de Culnhu" par WARRANT (Bravo J.Seb !)

Préambule malhonnête (accompagné de ces quelques lignes)
rajoutés ensuite par Rixed,
le serviteur de la prophétie.

Gnahahahahaaââk !

----------------------´LA FIN EST PROCHEÃ-------------------------

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